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samedi 20 octobre 2018

Nous les filles de nulle part

Auteur : Amy Reed.  
Editions : Albin Michel (Jeunesse).  
Parution : 2018.

Genre : Contemporain jeunesse.
Nombre de pages : 530 pages.



Synopsis : "Grace vient d'entrer au lycée de Prescott après avoir déménagé. Dans la chambre de sa nouvelle maison, elle découvre des mots griffés sur le mur : Aidez-moi. Tuez-moi, je suis déjà morte. Ces mots, c'est Lucy, qui les a tracés. Lucy, qui a accusé trois garçons de Prescott de l'avoir violée. Lucy, qui a été traitée de menteuse par le reste du lycée. Lucy, que la police n'a pas écoutée. Lucy, qui a fui la ville avec ses parents.Très vite, Grace comprend que cette violence s'exerce à tous les niveaux dans la ville de Prescott : quand les joueurs de l'équipe de foot notent le physique des filles qui passent devant eux ; quand son amie Rosina doit éviter les avances des clients du restaurant où elle travaille ; et surtout sur le blog du moment, « Les vrais mecs de Prescott » dont la ligne éditoriale consiste principalement à considérer les femmes comme des objets.Grace, Erin et Rosina sont décidées à agir, mais elles ne peuvent le faire seules"

Avis : « Puissant » est un mot approprié pour décrire ce roman. Il m'a fait vraiment l'effet d'un roman « coup de poing ». Je savais qu'il traitait d'un sujet difficile et c'est pour cette raison que je me suis intéressée à lui. Je n'ai que rarement lu d'ouvrages traitant de ce sujet. C'est pourquoi ce roman est important. Vraiment important. Avec le recul, je pense que j'aurais beaucoup apprécié l'avoir entre les mains quand j’étais plus jeune. Heureusement, il n'est jamais trop tard : ce roman m'a impactée de toute manière.

La force de ce roman réside également dans ses personnages. L'histoire se concentre essentiellement sur trois points de vue : celui d'une jeune femme en surpoids pour qui la religion tient une place particulière dans sa vie, une autre jeune femme lesbienne et mexicaine ainsi qu'une adolescente atteinte du syndrome d’Asperger. La diversité des personnages est extrêmement appréciable. On peut vraiment s’attacher à elles et être confrontées à certaines problématiques dont on parle peu. Je pense surtout au personnage d’Erin, en l’occurrence. Je dois avouer que de mon côté, il y avait une inégalité au niveau des personnages : si j’ai réellement adoré Erin et apprécié Rosina, je n’avais que peu d’intérêt pour Grace. Sûrement à cause de l’importance de la religion dans sa vie, qui a fait que je ne me suis pas sentie proche du personnage, ni même intéressée par ce qui lui arrivait. Par contre, j’ai vraiment eu un coup de cœur pour le personnage d’Erin. Celle-ci se révèle tellement attachante et adorable. J’ai eu le cœur serré à maintes reprises pour elle. Fort heureusement, elle peut compter sur son amie Rosina. J’ai grandement apprécié sa force de caractère et son authenticité. Leurs deux points de vue se sont révélés particulièrement intéressants à suivre.
L'autrice insère également des chapitres intitulés « Nous », avec des paragraphes consacrés à d'autres jeunes femmes. Ces choix narratifs nous permettent d'avoir un point de vue d'ensemble des plus intéressants. A travers cette panoplie de personnages variés et humanisés, l'autrice aborde tout un tas de sujets importants, essentiels et intéressants.

Il y a une véritable force dans ce roman, dans cette solidarité qui se créé entre tous ces personnages féminins. Je regrette toutefois que les personnages masculins n’aient pas de véritable place. Evidemment, on s’intéresse à certains personnages masculins car on traite de la culture du viol et du patriarcat. Seulement, l’ouvrage ne parle pas suffisamment des personnages masculins alliés, qui veulent voir les choses changer et apporter leur soutien. On ne garde en tête que les passages cités du blog « Les vrais mecs de Prescott ». Tant et si bien qu’on en vient à oublier l’existence des autres personnages masculins, ils sont totalement éclipsés au profit de ceux qui tiennent le fameux blog. Ce manque m’a gênée au cours de ma lecture. C’est le seul point négatif que je peux faire.

Hormis cet aspect, le livre reste percutant, intéressant, poignant. En tant que lecteur, on passe par une panoplie d’émotions : que ce soit la joie, la colère, l’indignation, la peine, le dégoût, … Il faut savoir qu’il y a certains passages qui peuvent heurter la sensibilité du lecteur. Ce n’est jamais gratuit et cela permet d’être réellement confronté aux problèmes que dénoncent l’ouvrage.

Il est difficile de ressortir indifférent de cette lecture. Je pense que c'est le genre de lecture qui impacte chaque lecteur, à différents degrés. Quoi qu'il en soit, il s'agit d'une lecture nécessaire, importante et malheureusement réaliste.

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