Auteur·ice : Brigid Kemmerer.
Edition : Rageot.
Parution : 2021.
Genre : Fantastique jeunesse.
Nombre de pages : 684.
Synopsis : Un soir, dans les rues de Washington, Harper, 17 ans, est témoin d’une tentative d’enlèvement. Faisant fi du danger, la jeune femme, partiellement handicapée, s’interpose. Mais le kidnappeur lâche sa première proie et, après avoir maîtrisé Harper, l’emmène avec lui…
D’un coup de baguette magique, ou presque, Harper bascule dans un autre monde. Elle découvre un lieu qui a tout du château de conte de fées : orchestre sans musiciens, cuisine enchantée et, bien sûr, prince beau et énigmatique. Prince maudit, en vérité.
Coincé dans un automne éternel, le prince Rhen cherche à débarrasser son peuple d’une créature sanguinaire. C’est pour briser le sort qu’il ordonne au commandant Grey d’enlever des jeunes femmes, saison après saison… Mais ce qu’il ne dit pas, c’est qu’il est lui-même ce monstre assoiffé de sang. Pour rompre la malédiction, il doit se faire aimer avant le début de l’hiver, avant qu’il ne se remette à tuer… Rien de plus aisé, en apparence, pour ce jeune homme séduisant. Pourtant, aucune des centaines de jeunes femmes avant Harper n’a succombé à son charme..
Avis : Si je partais plutôt optimiste sur ce livre, au vu des bons avis qui fleurissent sur la toile depuis sa sortie, j’ai très vite déchanté et ce, pour plusieurs raisons. J’ai fini par abandonner ma lecture par manque d’intérêt.
L’univers pourrait être intrigant et intéressant … s’il n’était pas mal présenté et superficiel. J’ai eu l’impression de lire un brouillon de roman plutôt qu’un roman publié. L’antagoniste n’est pas impressionnante et les dialogues entre elle et les protagonistes sonnent faux. J’ignore si cela vient de la plume de l’autrice ou de la traduction.
Plus encore, j’ai été très dérangée par la trope “Elle n’est pas comme les autres filles”. C’est dit explicitement et répété à plusieurs reprises et … Je ne trouve pas ça correct. En tant que lectrice féministe, ce n’est pas ce que je souhaite lire. La malédiction de Rhen, notre héros, sera rompue lorsqu’il tombera amoureux d’une jeune femme et que ce sentiment soit réciproque (la malédiction est très hétéronormée à ce propos …). Au moment où il rencontre Harper, il a déjà rencontré des centaines de femmes auparavant. Dans le but de nous faire comprendre que cela n’a pas marché et qu’Harper est la bonne personne, on remet la faute sur les filles … et non le comportement du prince. Rhen explique que les filles étaient cupides et superficielles, vivant une vie de château et ne s’intéressaient à rien d’autre, hormis les robes (on n’applaudit pas le sexisme sous-jacent).
Il dit à plusieurs reprises qu’il ne se montrait pas sincère avec elles, qu’il jouait un rôle et disait des choses qu’il ne pensait pas. La malédiction le pèse énormément, il a perdu tout son entourage et il a essayé de se suicider à plusieurs reprises, mais sur plus de 100 femmes, il n’a pas essayé une seule fois d’être sincère ?? De s’intéresser aux femmes qu’il rencontrait ? Et il le fait avec Harper parce que … c’est l’héroïne et que l’autrice en a décidé ainsi ? Je ne comprends pas. Ce n’est pas logique que Rhen n’ait pas déjà sincèrement essayé de rompre la malédiction. Qu’aucune fille qu’il a rencontré ne l’intéressait. Qu’aucune fille n’ait été méfiante en atterrissant dans ce nouveau monde (on sous-entend clairement qu’Harper est une exception parce qu’elle ne se laisse pas faire et qu’elle est méfiante …). En tant que lecteur·ice, on y croit pas une seconde.
Je n’ai pas lu jusqu’à ce que la romance s’installe, mais les prémices ne m’ont pas donné envie de la découvrir. La raison pour laquelle Rhen s’intéresse à Harper c’est parce qu’elle ne s’adresse pas à lui comme à un prince et parce qu’elle le rembarre. J’ai eu l’impression de lire une romance datant des années 2010 avec toutes les tropes que cela suggère …
Je n’ai pas non plus été convaincue par l’aspect réécriture de conte. Comme d’autres personnes l’ont déjà souligné dans leurs commentaires, l’ambiance n’est pas propice à la romance. Contrairement à Belle qui s’est sacrifiée pour sauver ses proches, Harper n’a aucune raison de vouloir rester dans ce monde. Son frère a des ennuis et sa mère est mourante. Le fait qu’elle abandonne vite ses envies d’évasion n’est pas crédible. Les circonstances ne favorisent pas du tout une potentielle romance. Par ailleurs, je suis sceptique sur la fidélité aux propos du conte originel. La Belle et la Bête invite les lecteurs et les lectrices à voir au-delà des apparences et à comprendre que ce n’est pas l’apparence de la personne qu’iels doivent épouser qui compte, mais son comportement et la façon dont iels seront traités. Dans Un sort si noir et éternel, le Prince est beau et a un comportement problématique. Donc je ne suis pas convaincue.
Par conséquent, je n’ai pas apprécié les personnages. Les protagonistes ressemblent à des clichés sur pate. Harper est l’héroïne clichée de la femme forte et gentille. Rhen est le stéréotype du héros tourmenté qui est attiré par l’héroïne seulement parce qu’elle se défend et ne se laisse pas faire. Aucun ne marque l’esprit, aucun ne semble réel. Rhen ne se remet pas en question, ce qui ne donne pas envie au lecteur·ice de s’attacher à lui. Il ne semble pas tellement motivé à se libérer de cette malédiction et le·a lecteur·ice ne peut pas arriver à le comprendre. Le seul point positif c’est le fait qu’Harper ait une paralysie cérébrale, ce qui change des héroïnes traditionnelles, surtout dans un univers de fantasy.
En conclusion, une lecture très décevante pour moi.
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