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mercredi 14 décembre 2022

Ca sent le sapin à Noël


Autrice :
 Isa Lawyers.

Edition : BMR. 

Parution : 2022.

Genre : Romance.

Nombre de pages : 344.

Radar à diversité : personnage secondaire lesbien.

Avertissement de contenu : culture du viol, abandon d'un parent, décès, cadavre.

Synopsis : Emma n’a quasiment pas connu son père. Mais lorsqu’elle apprend son décès, elle n’hésite pas une seconde : la Parisienne prend la route jusqu’au petit village des Pyrénées où il résidait. Elle veut comprendre qui il était, quitte à fêter Noël dans les sommets enneigés. Après un trajet éreintant, elle est accueillie par Jérémiah, le meilleur ami de son père. Mais au lieu du vieux montagnard bourru qu’elle s’était imaginé, elle se retrouve face à un jeune homme plus sexy que jamais !

Jérémiah découvre une superbe jeune femme, au caractère aussi fougueux que son ami. Cependant, il tente tant bien que mal de garder ses distances. Si elle savait ce qu’il avait fait, elle s’enfuirait à toutes jambes. Pourtant, Emma est bien décidée à percer la carapace de Jérémiah et à profiter de son Noël… 

Avis : Cette année, je suis prise d’une envie soudaine de dévorer des romances de Noël. En me baladant dans le catalogue de Netgalley, j’ai aperçu ce titre qui m’a convaincu par son synopsis. Je remercie les éditions BMR pour cette lecture qui, malheureusement, s’est révélée être une déception … 

Si j’ai apprécié différents éléments liés à l’héroïne, notamment le fait qu’elle soit passionnée de littérature, casanière et éditrice, j’ai rapidement déchanté. On sait tous que les romances, d’autant plus les romances de Noël, peuvent reposer sur des clichés (comme dans tous les genres). Cependant, je ne m’attendais pas à tomber sur le cliché si répandu de l’éditrice vu dans les téléfilms de Noël. Vous savez, l’éditrice de 24 ans qui a intégré une maison d’édition prestigieuse et qui s’occupe d’un auteur très connu qui a obtenu un important prix littéraire (l’auteur étant évidemment asocial et hypocondriaque). Je trouve ça tellement incohérent que ça m’a arrêté net dans mon immersion. A 24 ans, on termine souvent à peine ses études (parce que pour être éditrice il faut minimum avoir fait un bac +5) et il y a peu de chances pour qu’on ait intégré une maison d’édition depuis quelque temps déjà … Si on omet cette incroyable chance, il y a encore moins de probabilités d’intégrer une maison d’édition prestigieuse (et surtout d’occuper le poste d’éditrice, un poste haut placé). Et il n’est même pas question de s’occuper d’un auteur très connu après l’avoir repéré … En plus d’avoir trouvé le parfait stéréotype de l’auteur (le génie incompris qui n’ose pas sortir de chez lui, phobique …). Cet amoncellement de cliché me paraissait tellement énorme et surréaliste que ça a mis un gros frein dans mon appréciation du récit. La suite ne s’est, hélas, pas améliorée.  

L’héroïne ne trouve rien de mieux que de qualifier une chroniqueuse littéraire de “branleuse” parce que la jeune fille n’a pas aimé un roman de Ferdinand (l’auteur asocial, vous vous souvenez). Ferdinand venait de téléphoner à son éditrice pour lui dire qu’il voulait tout arrêter après qu’une chronique négative ait été postée. Outre le fait que ça soit, une nouvelle fois, cliché et exagéré, l’héroïne préfère dénigrer la chroniqueuse plutôt que d’avoir une réaction mature et professionnelle. Après tout, la chroniqueuse de 20 ans n’est “qu’une gamine qui vit probablement encore chez sa mère”. En dehors du fait que je ne comprends pas en quoi le fait de vivre chez ses parents à 20 ans soit mal vu (c’est même normal en fait, et ça ne veut pas dire que son avis est moins légitime), utiliser des termes péjoratifs tels que “branleuse” et “gamine” tout simplement parce que la jeune fille n’a fait que donner un avis sur des plateformes dédiées … Évidemment, ce n’est pas remis en question. Je n’ai pas apprécié qu’une femme dénigre une autre femme sans aucune raison valable pour rassurer l’égo d’un mec (qui a eu une réaction vraiment immature), ce n’est pas le genre de chose que j’ai envie de lire en 2022.

A ma plus grande déception, cela n’a pas été le seul élément qui m’a fait grincer des dents. Je n’ai guère apprécié certaines remarques, honnêtement assez agaçantes et dévalorisantes, soulignant combien Emma est mieux que les autres filles. Je me répète, mais cette idée de “je ne suis pas comme les autres filles, je suis mieux” c’est un non catégorique.

La cerise sur le gâteau vient quelques pages plus loin avec cette réflexion (attention, trigger warning viols) : “Cette chemise de nuit en feutrine est la seule barrière qui me retient de me jeter sur lui et de le violer.”. J’ai envie de dire : pardon, on est toujours sur une romance de Noël doudou et réconfortante dans laquelle on est censé se sentir bien ? Personnellement, je suis horrifiée de lire encore ce genre d’inépties banalisant la culture du viol. Cette phrase peut réellement heurter les sensibilités des lecteurs et des lectrices qui sont concernées. Je ne lis pas des romances de Noël (voire même des romans tout court) pour me retrouver face à ce genre de réflexions révoltantes. 

En toute transparence, je ne peux pas vous recommander ce roman. Je suis certaine que vous pouvez trouver des romances de Noël sur le marché bien plus intéressantes et qui n’ont pas des éléments aussi rédhibitoires. 

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