La jeune fille et la guerre

Auteur : Sara Novic.  
Editions : Fayard.
Parution : 2016.
Genre : Drame.
Nombre de pages : 320 pages.

Synopsis : Ana mène une existence heureuse à Zagreb avec ses parents, sa petite sœur Rahela et son meilleur ami Luka lorsque la guerre avec les Serbes éclate. Bientôt, ce sont les premiers raids aériens, la peur au quotidien, l’afflux des réfugiés. Mais le pire reste à venir : au cours d’une expédition en Bosnie pour tenter de faire soigner Rahela, Ana et ses parents tombent dans une embuscade. Seule survivante, Ana va apprendre le maniement des armes dans un village rebelle avant de quitter le pays et de trouver refuge aux États-Unis.

En Amérique, Ana tente de reconstruire sa vie et de tirer un trait sur le passé. Mais devenue jeune femme, et alors que la guerre fait de nouveau irruption dans son pays d’adoption avec le 11-Septembre, elle découvre qu’il faut parfois se confronter à ses démons pour reprendre le cours de son existence.

Avis :  La couverture est sublime, bien que simple, alors que son contenu ne peut être défini comme « simple ». En effet, on suit le quotidien d'Ana qui voit sa vie bouleverser brutalement. L'auteur choisit un événement qui n'est que rarement traité et j'ai apprécié le fait de découvrir un pan de l'histoire que j'ignorais.

Il y a plusieurs parties. On découvre Ana enfant avec une scène presque anodine au premier abord. Celle-ci a l'habitude de courir aller acheter des cigarettes pour un membre de sa famille le plus vite possible car elle est chronométrée. Le premier bouleversement vient de cet épisode : quelle importance y a-t-il entre des cigarettes serbes et des cigarettes croates ? Cette petite interrogation n'est que le précurseur d'autres événements qui vont se suivre de manière crescendo. On continue de suivre Ana, qui voit son quotidien changer petit à petit, notamment avec les exercices de confinement. Ensuite, la petite sœur d'Ana tombe malade. De nos jours, il suffit de se rendre à notre médecin traitant pour trouver un diagnostic. La famille d'Ana doit prendre des risques afin de trouver un médecin compétent afin de traiter le cas de la petite sœur, d'autant plus que celle-ci n'a pas une maladie bénigne. On est surpris par la tournure brutale des événements. J'ai eu le cœur serré en lisant ce que devait faire Ana pour survivre à cet épisode, qui la marquera à vie. Si on peut trouver le temps long par moment, cette partie reste nécessaire et prépare efficacement la suite.

Par la suite, on revoit Ana, grandie, dans sa nouvelle vie aux Etats-Unis. Elle assume un rôle important en tant que porte-parole et je n'ai pu que l'admirer pour sa force. Malgré cette carapace, la jeune fille garde des séquelles irréparables de ce qui s'est passé. Si j'ai un peu moins apprécié cette partie-là, j'ai tout de même apprécié de voir ce qu'elle était devenue et les conséquences de son ancienne vie. On comprend un peu mieux les sentiments des expatriés qui doivent se reconstruire et se façonner une nouvelle vie. On découvre finalement ce qu'elle cache, tous les secrets qu'elle garde et on ne peut qu'être désarçonnés. J'ai davantage apprécié lorsqu'elle se lance dans sa quête. Encore une fois, je n'ai pu qu'admirer son courage. J'ai été ravie de revoir un personnage qu'on avait pas vu depuis un petit moment. Néanmoins, j'ai été frustrée par cette fin car j'aurais préféré en savoir davantage sur ce qu'advient de la vie d'Ana. Cette brusque coupure est justifiable mais il n'enlève rien à mon ressenti. J'ai été également frustrée par le fait que l'auteur ne s’épanche pas sur les sentiments amoureux d'Ana. Il est évident que ce n'est pas le sujet principal du roman mais cela fait partie intégrante de sa vie.

Il s'agit d'une bonne lecture dans l'ensemble, poignante par moment. On est confronté aux horreurs de la guerre et à ses conséquences. On découvre un conflit qui n'est pas connu de tous et j'ai apprécié cet aspect du livre.