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dimanche 27 mars 2022

La reine des ombres


Autrice
 : Tricia Levenseller.

Edition : Hugo (Stardust).

Parution : 2022.

Genre : Fantasy Young Adult.

Nombre de pages : 450.

Radar à diversité : personnage secondaire pansexuel/bisexuel.

Avertissement de contenu : Meurtres, conquêtes militaires, guerre, matricide, patricide, sang.

Synopsis : D'abord, courtiser le Roi des Ombres. Puis l'épouser.

Enfin, le tuer et récupérer son royaume...

Personne ne connait l'étendue des pouvoirs du Roi des Ombres, fraîchement couronné. Certains disent qu'il peut contrôler les ombres qui errent autour de lui et les manipuler à sa guise. D'autres que les ténèbres lui murmurent les secrets de ses ennemis.

Peu importe, Alessandra sait ce qu'elle veut, et rien ne pourra l'empêcher de mener son plan à la réussite.

Mais la jeune fille n'est pas la seule personne qui cherche à conquérir le trône. Et alors que les attaques envers le Roi se multiplient, elle se retrouve à devoir mettre toute son énergie à le défendre, le temps qu'il puisse faire d'elle sa reine. Car après tout, quoi de mieux pour un roi des ombres qu'une reine perfide et rusée ?

Avis : 

“On n’a jamais retrouvé le corps du premier et unique garçon qui m’ait brisé le garçon”


Quelle accroche ! Cette première phrase annonce clairement la couleur … En effet, nous suivons Alessandra, l’héroïne (ou plutôt l’antihéroïne) de cette histoire, qui s’est fixée comme objectif de séduire le Roi des Ombres (souverain de son pays) pour se marier avec lui et s’emparer de son royaume après l’avoir tué. Le synopsis s’avérait des plus accrocheurs et j’étais extrêmement curieuse de découvrir ce roman. C’est pourquoi j’étais heureuse d’apprendre sa publication en français par les éditions Hugo dans leur nouvelle collection Stardust. Je remercie les éditions Hugo pour cette découverte, même si elle s’est révélée, malheureusement, être une légère déception.

J’ai été happée par le récit dès la première phrase. Il m’arrive rarement d’être aussi emballée dès le début d’un récit. J’étais curieuse de découvrir Alessandra et son entourage. J’ai été séduite par ce que j’entrevoyais du personnage dans les premières pages : une héroïne meurtrière n’est pas un protagoniste traditionnel. J’étais conquise à l’idée de suivre une antihéroïne, malheureusement, Alessandra ne m’a pas semblé être un personnage correctement écrit. Elle n’a aucune motivation à devenir reine ou de tuer le roi. Ce sont ses objectifs mais on ignore comment elle veut procéder (elle n’a aucun pouvoir ni capacités en combat, alors que le Roi a de puissants pouvoirs …) ainsi que les raisons qui l’ont poussée à prendre ces décisions. Certes, elle est négligée par sa famille et elle veut une position sociale importante, mais ce ne sont pas des raisons suffisantes. En tout cas, elles ne m’ont pas convaincue. Alessandra rêvasse à tuer le roi et qu’il la supplie de l’épargner, mais ce n’est pas crédible étant donné qu’elle n’a aucun plan ni aucune ressource pour mettre son plan à exécution …

Malheureusement, ce ne sont pas les seules incohérences liées à son personnage. Alessandra est beaucoup trop douée sans aucune raison valable. Elle n’a pas de compétence en politique (elle n’a pas suivi de cours, ni d’expérience notable), pourtant, elle arrive à proposer un plan à un conseil composé de personnes compétentes et expérimentées sur un sujet qu’ils maîtrisent et elle non. Evidemment, le roi et tous les membres du conseil suivent sa recommandation … Et ce n’est pas la seule fois. On la décrit comme très manipulatrice, sournoise, intelligente et déterminée, mais ses actes ne le montrent pas. Alessandra se met dans des positions délicates (certes en étant alcoolisée) après quelques déconvenues dans son plan, alors que ses décisions peuvent tout lui coûter… Elle est censée être animée d’une forte détermination mais elle abandonne vite sans que ses décisions lui coûtent quoique ce soit. On a l’impression qu’Alessandra peut tout faire sans qu’elle ne subisse aucune conséquence de ses actes et que le scénario l’aidera toujours. On ne croit pas aux enjeux du récit et par conséquent, on n’est pas réellement impliqué dans la mission d’Alessandra …

Les personnages secondaires se révèlent sans substance (le père de l’héroïne n’est absolument pas crédible). Le roi n’est pas attachant, ni même intéressant. Il ressemblait à une coquille vide à mes yeux. Le roi a trop confiance en Alessandra, sans aucune raison, alors qu’on le dit méfiant envers les autres (même ses proches). En tant que lecteur, on ne comprend pas : on nous présente les personnages d’une certaine façon, mais ces éléments ne sont pas montrés, ni prouvés dans l’histoire. Le personnage du roi est sans substance, la romance n’est pas crédible une seconde tant les sentiments se développent vite … Les déclarations d’amour m’ont davantage amusée qu’émue (le passage sur “Tu as réglé à peu près tous les problèmes du royaume” m’aura bien fait rire niveau incohérence). Le méchant n’est pas des plus charismatiques. Les révélations n’en sont pas vraiment. On se doute assez facilement des événements, et quand ces derniers ne sont pas anticipés (tant ils paraissent clichés) mais surviennent malgré tout dans le récit, on n’en ressent aucune satisfaction. L’identité du méchant n’est pas dévoilée pour des raisons peu crédibles et on ne croit absolument pas à ce personnage tant il ressemble à un méchant d’un dessin animé caricatural. 

Par contre, j’ai été satisfaite de voir l’importance et la durabilité de l’amitié entre l’héroïne, Rhoda et Hestia. C’était agréable de lire leurs passages, même s’il est important de relever que leurs conversations s’orientent en grande majorité autour des hommes …

Il y a des passages qui se veulent féministes mais qui parfois, sont mal amenés voire incohérents avec l’univers. J’ai été exaspérée de voir que le roi ne demande pas de protection pour Alessandra à un certain passage du roman et que celle-ci est flattée de cette attention parce qu’il “saurait qu’elle n’a pas besoin de protection étant donné qu’elle peut se défendre seule”. Ce qui est totalement faux parce que la demoiselle n’a aucune capacité en combat, ni pouvoirs et que des assassins rôdent dans le château. Ce n’est pas une logique une seule seconde. Et à d’autres moments, on a des réflexions telles que “le poison est une arme de femme” … C’est dommage parce qu’il y a des messages intéressants, notamment autour de la sexualité d’Alessandra, qui se revendique comme une femme sexuellement libérée et non pas une catin, comme ses contemporains voudraient la qualifier.

Si j’ai apprécié la diversité dans les couples dans cet univers de fantasy (il est mention de couples non hétéros et c’est accepté dans cette société), j’ai été grandement frustrée par le manque de contexte autour de l’univers. On n’a aucune information sur l’univers, les royaumes, le système magique …

Au-delà de ces éléments, j’ai relevé quelques fautes, des mots en trop, mais surtout des phrases qui n’avaient aucune cohérence par rapport au contexte. Je ne sais pas si c’est dû à la traduction, en tout cas, cela n’aide pas du tout à s’immerger dans l’histoire de Tricia Levenseller …

En conclusion, je suis déçue du roman de Tricia Levenseller dont j’avais entendu tant de bien. Le récit commençait si bien pour se terminer sur une note des plus décevantes

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