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lundi 23 mai 2022

L'amour de A à Z


Autrice
 : S.K. Ali.

Edition : Akata (Young Novel).

Parution : 2022.

Genre : Romance.

Nombre de pages : 409.

Radar à diversité : personnage principale musulmane voilée d'origine finlandaise et antillaise, personnage principal canadien musulman avec des origines chinoises, personnages secondaires racisés.

Avertissement de contenu : Islamophobie, racisme, deuil, maladie, crimes de guerre.

Synopsis : D’un côté, il y a Zayneb, qui a été exclue de son lycée pour avoir dénoncé l’islamophobie de son professeur en plein cours. Elle décide alors de partir chez sa tante à Doha, au Qatar, pour commencer ses vacances de printemps en avance. Se sentant coupable d’avoir en plus causé des ennuis à ses amies activistes, Zayneb est déterminée à devenir une meilleure version d’elle-même : une personne capable de parfois tenir sa langue. De l’autre côté, il y a Adam, qui a arrêté d’aller en cours depuis qu’il a appris qu’il est atteint d’une sclérose en plaques, la même maladie dont est décédée sa mère. Pour pouvoir passer plus de temps avec son père et sa sœur, il décide de rentrer à Doha. Mais il est aussi déterminé à cacher son diagnostic à son père, toujours en deuil. Devant les autres, Zayneb et Adam jouent un rôle, cachant ce qu’ils pensent réellement entre les pages de leurs journaux intimes. Puis la plus merveilleuse des étrangetés se produit : Adam et Zayneb se rencontrent…

Avis : L’amour de A à Z est un roman qui me tentait énormément. C’est pourquoi, j’ai été ravie non seulement d’apprendre sa traduction en français, mais aussi sa publication chez l’une de mes maisons d’édition favorites, Akata. L’amour de A à Z est un roman attendu par beaucoup de lecteurs et de lectrices. L’une des raisons de cette attente est la représentation qu’elle offre, à savoir : deux personnages racisés et musulmans (avec une héroïne qui porte le voile, ce qu’on sait dès qu’on a posé les yeux sur la sublime couverture) qui entretiennent une relation amoureuse. Toutefois, il faut savoir que des problèmes de traduction ont été relevés par des lecteurs et des lectrices concerné·e·s (notamment le nom du prophète). Ces problèmes liés à la traduction sont normalement corrigés dans la version numérique et une réimpression s’est faite avec les nouvelles corrections. De ce fait, je remercie les éditions Akata pour ce SP numérique mais aussi pour leur écoute et leur réactivité par rapport aux soucis qui ont été soulevés. 

On fait la connaissance de Zayneb, une jeune adolescente qui s’est fait exclure de son lycée à cause de l’islamophobie de l’un de ses enseignants. Elle a alors l’occasion de se rendre plus tôt chez sa tante à Doha, au Qatar, et de commencer ses vacances de printemps en avance en attendant l’arrivée du reste de sa famille. Néanmoins, Zayneb culpabilise d’avoir causé des ennuis à ses amies activistes, ce qui la pousse à essayer de s’améliorer et de devenir une version « améliorée » d’elle-même (en sachant se taire). En parallèle, on suit également Adam qui a arrêté d’aller à la fac en raison d’une terrible nouvelle. Il souhaite passer plus de temps avec sa famille (son père et sa petite sœur), c’est pour cette raison qu’il s’envole à Doha. Nos deux jeunes gens vont se rencontrer à de multiples reprises et se retrouvent liés sur bien des aspects … 

La narration est assez particulière. De nombreux flashback sont disséminés dans le récit et le journal tenu par les deux adolescents a une place centrale. C’est une approche qui change et c’est plaisant. On apprend à connaître Zayneb et Adam au fil des pages, la luminosité d’Adam et la rage de Zayneb. C’était extrêmement intéressant de suivre des personnages de confession musulmane, l’un l’étant depuis toujours tandis que l’autre s’est converti dans son enfance. Comme l’ont souligné d’autres personnes dans leurs chroniques, c’était non seulement intéressant culturellement parlant (en tout cas pour ma part, n’étant pas familière de cette culture), mais aussi du fait que les deux personnages ont une approche différente et un vécu différent. L’autrice aborde de nombreuses thématiques dans son récit : la religion musulmane, l’islamophobie, la maladie, le deuil, … Certaines thématiques sont encore trop peu traité dans le paysage francophone et c’était rafraîchissant de lire un roman qui traite de ces sujets, écrit par une personne concernée. J’espère sincèrement que d’autres titres pourront être publiés à l’avenir. Pour ce qui est de l’Amour de A à Z, j’ai trouvé que tout était traité avec justesse. Je pense surtout à la maladie. Je craignais que le récit tombe dans certains écueils mais fort heureusement, ce n’est pas le cas. On a quelques passages émouvants mais ça ne sombre jamais dans le pathos ou autre. Aucune thématique abordée n’est survolée, tout est soigneusement équilibré tout au long de l’histoire. 

Les personnages rencontrés se sont révélés vraiment plaisants à suivre. J’ai autant apprécié Zayneb et sa soif de la justice, sa colère et son activisme, qu’Adam et sa joie de vivre, sa façon de se concentrer sur les merveilles de la vie et son amour pour le monde et ses proches. On alterne leurs points de vue et cela apporte une réelle plus-value à l’histoire. Cela nous permet de les connaître et de nous attacher à eux. L’autrice parvint à les rendre profondément humains, avec des qualités et des défauts, des forces et des faiblesses, tant et si bien qu’on ne peut que les apprécier. Les personnages secondaires ne sont pas lésinés, au contraire. Je retiens personnellement la petite sœur d’Adam, Hanna, qui était absolument adorable. Toutefois, je dois admettre que je ne me suis pas attachée autant à nos protagonistes que je l’aurais souhaité. Je n’étais pas aussi impliquée que je l’avais espéré, même si cela ne m’a pas empêché d’apprécier le récit. 

A ce propos, j’ai particulièrement apprécié que S.K. Ali laisse vivre ses personnages en dehors de la romance. J’entends par là qu’on ne se concentrait pas uniquement sur la relation amoureuse qui se tisse lentement mais sûrement entre les personnages principaux, mais sur toute leur vie, ce qui était réellement satisfaisant à lire. J’ai également aimé que les personnages soient conscients de certaines choses, notamment qu’ils se connaissent peu et qu’ils ont été parfois attirés par l’autre seulement pour certains aspects. Cela apporte du réalisme à la romance, que je n’ai que davantage apprécié. Trop souvent dans les romances, les héros ressentent des sentiments sans qu’on comprenne pourquoi, trop vite et/ou trop fort sans qu’aucun ne soit conscient qu’ils se connaissent pas/peu. Le traitement de l’autrice m’a vraiment plu.

 

Je ne peux que vous recommander de découvrir l’histoire de Zayneb et d’Adam, pour leur romance mais pas seulement. C’est un livre à découvrir qui vous fera passer un excellent moment de lecture.

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